Rude début de semaine pour les magiciens parisiens : 5 novembre, assemblée générale de l’AFAP ; 6 novembre, conférence de Alexander De Cova au FIAP ; et enfin, mercredi 7 novembre, conférence de James Hodges sur les grandes illusions à l’Académie de Magie Georges Proust. Tous les spécialistes de la Grande Illusion sont là : Pierre Edernac, Duraty, Gaetan Bloom, Bebel, … !
James Hodges commence sa conférence par un triste mais utile état des lieux en posant des questions : « Pourquoi la Magie n’est-elle pas reconnue comme un Art et ne serait destinée qu’aux enfants ? Pourquoi ne voit-on jamais de magie dans les maisons des jeunes et de la culture ? Pourquoi a-t-on souvent cette impression de déjà-vu, cette absence de surprise et d’émotion ? Pourquoi entend-on toujours les mêmes musiques, voit-on toujours ces mêmes boîtes en bois peint et jamais de matériaux modernes ? » Pour lui, rien n’est pire que cette magie pour magiciens que l’on voit dans les congrès.
Quels sont les causes et les remèdes à ce mal ? Sa réponse : les magiciens sont trop refermés sur eux-mêmes. Ils manquent d’ouverture vers les autres arts et méconnaissent l’enrichissement pouvant venir de l’extérieur. Pour illustrer ces propos, James Hodges nous présente quelques extraits vidéo de spectacles dans des domaines autres que la magie : Bartabas qui a révolutionné les numéros équestres avec son magnifique spectacle Zingaro, le cirque Plume et sa nouvelle vision du cirque, Stomps et son incroyable spectacle de percussions, Victor Racoin et Philippe Genty, un des plus grands magiciens pour James, bien qu’il ne veuille pas être qualifié de magicien,…
Il nous explique comment Maurice Béjart a enrichi son art en y incorporant des emprunts aux danses africaines, asiatiques ou indonésiennes. Il nous parle de l’émotion beaucoup trop rare dans les numéros de magie actuels, tout en citant quelques exceptions comme Tina Lennert ou Socrate. [ML]

Nos défauts se résument principalement au manque d’imagination et d’originalité, et aux méfaits de la vidéo qui a engendré toute une génération de magiciens clones. James nous cite l’exemple fréquent où dans une grande soirée avec plusieurs close-up men, on se demande qui ne fait pas les balles mousses. Pour le public, les numéros de colombes se ressemblent tous et James va même jusqu’à se demander si cela vaut encore la peine d’investir de l’argent pour plagier ce type de numéro tant il a été galvaudé, même hors du monde de la Magie.
Pour illustrer sa vision des choses et nous mettre sur la voie de l’inspiration et du renouveau, James poursuit sa conférence par une série de diapositives montrant ses croquis et idées sur ce qui pourrait être réalisé. Il nous explique sa démarche créative dans les grandes illusions, nous donne des pistes. Il va puiser son inspiration dans les autres disciplines artistiques : danse, théâtre, peinture, sculpture, … Son point de départ peut être simplement une gravure, une peinture ou une photo ayant suscité une émotion qu’il a envie de recréer ou un thème qu’il a envie de faire vivre au travers d’une Grande Illusion.

La soirée était riche en enseignement et les maîtres-mots de cette conférence étaient « Imagination » et « Emotion ». James Hodges ne nous a pas parlé de la Grande Illusion telle qu’elle se fait actuellement [
FM] mais de ce qu’elle pourrait être demain si les magiciens s’obligeaient à voir les choses autrement.