Les magiciens de la région et leurs amis venus de plus ou moins lointains horizons s’étaient donné rendez-vous à Sarcey pour le traditionnel Prix Diavol. Disons d’emblée que si le côté convivial et bon enfant qui caractérise cette journée a été conforme à la tradition, cette édition 2003 ne restera pas particulièrement gravée dans les annales puisque le concours n’a vu s’affronter que trois candidats et que le nombre de participants a été inférieur à celui enregistré les années précédentes. La présence le même jour d’une autre manifestation magique dans la région a sans doute gêné notre rencontre annuelle. Néanmoins, chacun a pu passer une bonne journée et c’est bien là l’essentiel.
LES ATELIERS
Trois ateliers étaient proposés à deux reprises le matin et il fallait donc choisir entre Christoph Borer, Nourdine et Alban William.
Christoph Borer, répondant à notre souhait et pour rester dans le thème des ateliers avait choisi de présenter et de faire travailler ses versions personnelles de deux effets classiques.
“Bank night” : Une routine avec quatre enveloppes dont une contient un joker et les autres un lots de consolation. La carte avec le joker gagne et est vraiment prise par le specteur ravi. Malheureusement pour lui les lots de consolation dans les autres enveloppes sont plus importants que le lot gagnant. Il poursuit avec une adaptation du tour popularisé par Tonny Van Dommelen consistant à retrouver la carte choisie en déchirant une feuille de journal.
L’atelier d’Alban William fut sans conteste l’un des moments forts de la journée. Alban proposa d’ailleurs une véritable conférence où tous les aspects de la magie des colombes furent exposés avec une très grande clarté : l’habit, les poches, les harnais, les fils, les prises, les soins à apporter aux colombes. Pour beaucoup de magiciens, ce fut une révélation. Le professionnalisme d’Alban William permettait d’aller à l’essentiel et c’est avec une grande simplicité et une grande générosité que l’intéressé a livré le fruit de son expérience. Si le sujet vous intéresse et si vous ne vous êtes pas encore procuré son ouvrage “Colombes Passion” publié en 2002, n’attendez pas qu’il soit épuisé : c’est ce qui existe de mieux en langue française.
Nourdine remporta également un franc succès avec une longue séries de routines variées de close-up, cartes, corde ou foulard.
LE CONCOURS
Pour la première fois depuis sa création, le Prix Diavol n’a pas été attribué, ce qui n’enlève rien au mérite des trois numéros, présentés par Philippe Parent, qui affrontèrent le jury composé de Alban William, Serge Odin, Asthony, Alice et Duo Elysée.
Stephen Laurens de Roanne présente un numéro de grandes illusions qui se veut moderne par le materiel, les costumes, la musique. Le rythme en est relativement soutenu. Peut-être est-il desservi par la trop grande proximité du public, toujours est-il que le clinquant du matériel ne suffit pas pour que le spectateur puisse ressentir une émotion. C’est la difficulté de ce type de numéro.
Manon & Amélie : Deux jeunes candidates d’Avignon apportent leur fraîcheur dans un numéro de magie générale construit sur un scénario à deux personnages réunissant une dame du monde et une soubrette. Les tours choisis essaient d’être en situation : le plumet qui sert à épousseter le vase dans lequel se trouve une rose change de couleur, la rose est utilisée pour un effet zombie, les fleurs produites au foulard sont ramassées avec une balayette et réapparaissent sur le foulard vers
lequel elles ont été projetées, les billets qui servent à payer la soubrette deviennent blancs etc. C’est un numéro à encourager qu’il faudrait sans doute un peu resserrer pour que les effets magiques aient plus d’impact.
Olivier & Marie de Lyon proposent eux aussi un numéro de grandes illusions. Après un effet d’évasion d’une cage à claire-voie, on amène une cabine dans laquelle le clown partenaire est ficelé avant d’y être enfermé. Les jambes restent visibles alors que moult cannes et lames traversent la cabine. Il faut beaucoup de temps pour enfiler tout ça et le suspens n’est pas bien grand. Les liens qui avaient servis à entraver le clown sont retirés par un orifice : le personnage à l’intérieur s’est apparemment libéré et quand toutes les cannes et les lames sont retirées, ce qui prend à nouveau beaucoup de temps, le clown est devenu une jolie partenaire. C’est tout le rythme de ce numéro qui est à revoir.
Les résultats :
Prix d’encouragement de 100 euros offert par Arcane à Stephen Laurens
Prix “Magic Boutique” de 100 euros à Manon & Amélie.
Olivier & Marie recurent un prix de consolation sous la forme d’un ouvrage de magie des éditions Proust.
LA CONFERENCE
La fin de l’après-midi fut consacrée à notre invité d’honneur Christoph Borer qui présenta sa conférence.
Présenté par J.Y. Prost, Christoph Borer, venu de Suisse, commence sa conférence par trois effets à fort impact sur le public profane : un billet de 20 euros, emprunté et dont il fait relever le numéro, se transforme en un billet de 100 euros (utilisation du faux pouce) ; un forçage avec un Brain Wave inversé : il annonce que son jeu bleu contient une carte à dos rouge, ce sera celle nommée par le spectateur ; la prédiction dans une enveloppe du numéro d’un billet de banque emprunté, l’astuce réside dans la reproduction par photocopie du numéro de série d’un billet sur un autre.
Il enchaîne avec un tour de cartes présenté dans le style de la “bizarre magie” à partir d’une affabulation sur un prétendu rituel gitan.
“Out of Lunch” : Une prédiction réalisée grâce à un crayon qui peut écrire de toutes les couleurs et un bloc-notes truqué.
Une excellente utilisation du classique jeu à forcer constitué de 26 cartes quelconques et de 26 cartes semblables où c’est le spectateur lui-même qui retrouve la carte choisie à l’aide d’un pendule.
Le jeu du manchot : Il termine avec un forçage à l’effeuillage réalisé avec la main gauche. Un geste magique et la carte disparaît. La main droite qui n’avait jamais quitté la poche en ressort avec la carte choisie qui vient de disparaître de la gauche.
LE GALA
Après le traditionnel apérif et un repas de bonne facture, le spectacle présenté par Sylvain Solustri clôtura la soirée avec à l’affiche cette année :
Djaikiss de Lyon et son personnage de Gnafron : une parodie de cet illustre compagnon de Guignol porté sur la bouteille avec un enchaînement de routines basées sur les liquides.
Colin : Nous avons été particulièrement hureux de revoir près de longues années notre Grand Prix du congrès de Lyon de 1976. Colin a présenté avec brio son numéro qui est pratiquement inchangé et qui nécessite une grande maitrise de soi et de technique. Il fut très applaudi.
Sylvain Solustri se transforme en mentaliste l’instant de son numéro pour nous offrir, avec sa verve et sa bonhomie habituelle, un florilège d’effets certes connus et classiques mais que le public a toujours énormement de plaisir à revoir.
The Magic Brass : le clou de la soirée. Christoph Borer était accompagné de sa compagnie de cinq musiciens pour nous offrir pendant près d’une heure un enchaînement de scènettes originales alternant effets magiques (toujours sur le thême de la musique comme la partition déchirée et racommodée ) et de séquences musicales truffées de gags avec ses complices musiciens.
Un excellent moment qui ravit tout le public présent.