Région Bourgogne, dimanche 10 heures du matin : « Mes biens chers frères ! » Non, ce n’est pas la messe ! Yves Doumergue commence sa conférence.
Le cahier des charges est expliqué : des tours de magie impromptue, avec un matériel réduit, s’adressant à un public de 7 à 77 personnes.
1- Les 5 enveloppes.
Le magicien veut se débarrasser d’un billet de 100 euros. Il présente cinq enveloppes et place ouvertement un billet de 100 euros dans l’une d’elle. Chacune des enveloppes est marquée avec un feutre de 1 à 5. Elles sont mélangées et présentées face au public. Quatre spectateurs, déterminés par le hasard par un jet de boule de papier, choisissent un chiffre et à chaque fois on donne l’enveloppe correspondante au spectateur. Les trois premiers spectateurs déchirent leur enveloppe : elle est vide. La cinquième enveloppe, celle qui n’a pas été choisie est déchirée très ouvertement par le magicien elle contient le billet de 100 euros. En climax, la quatrième enveloppe est ouverte. Elle contient quatre tickets de Loto qui sont distribués aux spectateurs malchanceux. La boulette est dépliée. Le numéro du spectateur gagnant les tickets est inscrit dessus.
Le tour fonctionne très bien. L’attention des spectateurs est toujours maintenue, entre autre pour deux raisons : l’appât du gain, et le fait que chacun peut être désigné par le hasard. Le tour ne finit pas sur la fausse note du magicien « killer » qui gagne le billet. Le climax est une bombe à retardement. Il arrive que les tickets soient gagnants et dans ce cas le tour devient une légende.
Des petites touches humoristiques ponctuent le scénario. Les explications très pédagogiques fourmillent de détails psychologiques astucieux.
2- Menteur logique ou le dé de Las Vegas.
Cinq spectateurs « volontaires désignés » sont appelés sur scène. Un dé à jouer est remis à l’un d’eux. Les spectateurs échangent le dé plusieurs fois de façon aléatoire avec le voisin de droite ou de gauche au claquement de doigts du magicien. Le magicien ne regarde pas pendant ces échanges. Puis il se retourne, demande de présenter les deux poings fermés vers l’avant. Les spectateurs doivent dire la phrase : « Je n’ai pas le dé » les uns après les autres. Le magicien tente de découvrir le menteur. Il fait ouvrir les mains de quatre spectateurs, elles sont vides. Le dernier spectateur avance les deux poings et le magicien devine dans quel poing se trouve le dé.
Le tour est disséqué. Trois procédés différents sont utilisés ce qui rend le tour impossible à remonter pour un profane. Un pur moment de magie. Un tour novateur et très abouti sur le plan intellectuel. Superbe effet avec rien.
3- Une histoire de goût.
Le réflexe de Pavlov appliqué à la magie. Certains, parmi vous, se souviennent de la phrase clef des hypnotiseurs au début de leur spectacle : « Imaginez-vous le moment où un citron entre en contact avec votre langue ! ». A partir de cette image, Yves a construit un tour diabolique qui va laisser les spectateurs agnosiques. Le spectateur écrit sur une petite feuille de papier le nom d’un légume qui lui inspirait le plus de dégoût étant enfant. Ensuite il écrit (Bourgogne oblige) le nom d’un grand vin. Sans que le magicien regarde, le spectateur presse et froisse le papier légume au dessus d’un verre, puis effectue le même geste avec le papier Grand cru de Bourgogne dans un autre verre. Le magicien révèle de façon superbe le verre contenant le jus de légume, puis le verre contenant le vin, avec en prime le nom du clos et l’année de récolte ! Un murmure s’élève dans la salle. L’impact est très fort. La présentation est formidable et au cours des explications nous comprendrons que celle-ci est primordiale. Un grand cru, de son propre cru.
4- « Just Think ». (Pensez à une carte)
Il s’agit d’un « Auto-forçage » d’une carte pensée par un spectateur ! Yves combine plusieurs astuces techniques avec un brouillage mental. Le spectateur profane suit le chemin magique et est amené devant une impossibilité (cf. Arcane 117 page 7).
5- Ultra coïncidence.
Le magicien mélange et coupe le jeu. Une carte est choisie et replacée par le spectateur. Le jeu est étalé : il est entièrement classé. La carte du spectateur se retrouve à sa place. Exemple : 2C entre AC et 3C. Ce tour est très bien présenté et efficace, mais on peut obtenir le même impact avec un jeu normal avec le tour « Royal Improbabilité » de Darwin Ortiz. (Cf. Imagik n°3. p.8 et 9.)
6- Appelle-moi.
Avec une dizaine de cartes de visites, un marqueur et un sac en plastique, un tour contemporain, fabuleux à fort impact. La spectatrice écrit secrètement son numéro de portable, chiffre par chiffre, sur des petites cartes publicitaires souvent disposées sur le bar du restaurant. Les cartes sont placées au fur et à mesure sans être regardées par le magicien dans un sac opaque (ex : sac d’un grand magasin). Le sac est secoué par la spectatrice et les cartes sont réellement mélangées. Le magicien ressort les cartes une à une et les pose sur la table dans un ordre différent de celui du numéro de téléphone. Lorsque la dernière carte est posée le téléphone de la spectatrice sonne. Elle écoute : « Allo ? » ! C’est le magicien qui lui répond ! Elle est subjuguée et tombe dans les bras du magicien. La présentation est très drôle car la spectatrice est un spectateur et le public suit bien l’effet jusqu’au final, incroyable. Fait gaffe Eric, il a gardé ton numéro !
7- Complètement déchirée.
Il s’agit de son fameux tour de la carte déchirée et restaurée. Le tour est présenté avec une carte de visite. Un moment de pure poésie. Yves fait appel à nos souvenirs et ancre une émotion dans notre esprit. Au moment de la restauration, il réactive notre émotion sur l’instant présent. Yves a longtemps cherché la justification d’un tel tour. Il y est parvenu d’une manière magistrale. C’est vraiment magique.