Les sculpteurs d’esprit



Carlos VaqueraAu départ, il y a la matière brute. Puis, vient l’artisan armé de ses outils avec ses envies ; envies de transformer, de façonner, de créer. Il sait qu’en travaillant cette matière, il trouvera sa liberté. Son travail est un besoin urgent de vivre, d’exprimer au monde ce qu’il a à l’intérieur de lui pour le partager avec celui qui est prêt à le recevoir. Son travail est l’expression de sa personne et il lui permet de se révéler au monde.

« Tout art jouit du privilège d’exprimer le monde à sa manière. » - Etienne Decroux.

Tout commence par une vision, un transport à travers le temps qui lui permet d’imaginer le résultat de son oeuvre terminée. Vision qui ne correspond que très rarement au résultat final qu’il avait vu, car rien n’est vraiment définitif dans sa pensée.

Alors, l’artisan commence à travailler la matière. Il est porté par son talent, parfois même dépassé par lui ; un peu comme s’il n’était plus le seul maître de sa création. Son principal atout est son intuition, une tendance instinctive à sentir ce qu’il fait sans être forcément toujours capable de l’expliquer par des mots. Ce qu’il extériorise dans son oeuvre est ce qu’il ressent ici et maintenant avec les bagages techniques, culturels qu’il a accumulé depuis des années et ce petit filet d’intuition qui le suit partout.

« Un arbre pour grandir en taille et en beauté, doit soigner ses racines. L’homme doit connaître ses racines, les aimer, les soigner, les comprendre et non pas s’en couper. Pourquoi ? Parce qu’il est le résultat de ses racines. » - Pierre Delorme.

Parfois, une difficulté rencontrée le fait dévier du chemin qu’il s’était tracé. Elle lui permet de rencontrer, quelquefois, des routes secondaires bien plus belles qu’il ne l’aurait imaginé. Il ne doit pas lutter contre cette difficulté, au contraire, il doit se laisser transporter vers d’autres inspirations ; comme l’eau qui, lorsqu’elle rencontre un obstacle, le contourne naturellement sans effort. Il doit rester souple dans son imagination, presque vide de toute intention afin de pouvoir les accueillir toutes.

« Ne pas anticiper par la pensée ce que seule l’expérience (physique) peut enseigner est un principe de base de l’éducation Japonaise. » - Pierre Delorme.

C’est alors qu’il commence à toucher la matière. Il la touche et la transformne au gré de ses sensations jusqu’à ce qu’elle devienne une partie de lui-même. Au bout de son chemin, il touchera deux fois ; une première fois la matière et une seconde fois l’esprit de ceux qui regarderont la matière transformée par son pouvoir créateur.

Le sens par lequel nous percevons les choses, par contact ou palpation, s’appelle le toucher. Mais "toucher" c’est aussi émouvoir, attendrir, concerner quelqu’un. Le toucher est une arme extraordinaire pour qui sait s’en servir. Il a le pouvoir de rapprocher les gens et de les transformer.

Le créateur d’illusions a, lui aussi ce pouvoir de transformation qui passe par le toucher. Sa matière à lui c’estt l’esprit de ses spectateurs. Ses outils sont les accessoires que ses mains manipulent pour altérer la matière vivante qu’il a en face de lui. Les cartes, les pièces ou une boîte mystérieuse ont le pouvoir d’éveiller différents sentiments et d’aider à sculpter leurs esprits. Son instrument principal est son corps qui lui offre toute une série d’avantages.

Il y a sa voix qui se glisse à l’intérieur de ceux qui l’écoutent. Sa voix qui peut devenir douce, chaude ou tranchante. [A suivre...]

 
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