REPORTAGE
SUR LE
20
EME CONGRES MONDIAL
DE LA MAGIE

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Chaque congrès FISM est un événement magique exceptionnel qui, à l'instar des grandes manifestations sportives, ne se produit qu'une fois tous les 3 ans. Cette 20ème édition du congrès mondial de la magie a battu tous les records d'affluence puisque plus de 2400 magiciens des 4 coins du monde ont répondu présents pour vivre six jours de magie non-stop à Dresde, ville située en ex-Allemagne de l'Est. Toutes les places disponibles ont été vendues! Les français ont néanmoins boudé cette manifestation puisque nous ne sommes qu'une petite cinquantaine à être venus outre-Rhin. Le coût élevé de la semaine (comptez au minimum 7000F rien que pour le congrès, l'hébergement et le voyage), aggravé par l'excellente santé du mark face au franc, ont largement contribué à cette défection.

Le congrès s'est principalement déroulé au KulturPalast, palais des congrès au design très RDA. Après les galas du soir, les noctambules avaient la possibilité de se retrouver au bar du grand hôtel Hilton qui leur était réservé jusqu'à l'aube (excellente idée). Les installations offertes par le palais des congrès étaient dans l'ensemble correctes. Un mauvais point, néanmoins, pour la climatisation qui ne fonctionnait que dans la grande salle de spectacle, le reste du bâtiment (hall, foire aux trucs, salle de conférences et salles de spectacles annexes) baignant dans une chaleur moite proche de celle des bayous de Louisiane.

Après une courte nuit passée sur les rails flambant neuves du réseau ferroviaire Est-allemand, j'entamais dès mon arrivée une longue attente dans une des files permettant d'atteindre le comptoir d'enregistrement. Il faut dire que ce fut un des seuls points contestables quant à l'organisation de ce congrès qui était à la hauteur de la réputation germanique. Une fois le paquetage du congressiste perçu (badges, beau programme de 85 pages en couleurs, un superbe numéro spécial de la revue Genii sur l'histoire de la FISM et divers gadgets offerts en bienvenue), je me dirige illico vers la foire au truc.

 

LA FOIRE AUX TRUCS

91 marchands de trucs de 24 pays différents étaient répartis sur tout un étage du palais des congrès dans diverses salles et couloirs. Un tiers était allemand, seuls deux marchands français avaient fait le déplacement: Christopher, représentant de Mayette Magie Moderne, et Pierre Brahma qui vendait les statuettes magiques du sculpteur Toni Moretto. Certains marchands annoncés dans le programme, comme L & L Publishing ou Magic Productions, n'étaient pas présents. Peu de nouveautés cette année, on a la vague impression qu'ils vendent tous plus ou moins les mêmes trucs. Quelques stands proposent néanmoins des choses intéressants: H&R Magic Books a toujours un choix important de livres et fascicules Mike Maxell en lévitationrécents ou anciens (pour la petite anecdote, ayant vendu, avec succès et à des prix intéressants, tous ses bouquins, Richard Hatch termina le congrès en vendant la bibliothèque où ils étaient rangés); A1 multimédia présente un choix colossal de vidéos ainsi qu'une sélection judicieuse de tours nouveaux; Tesmar Zauberartikel, un marchand allemand, possède quelques exclusivités ingénieuses comme "Switch-A-Roo", un changeur automatique de cartes tenant dans une poche de chemise... Les tours du congrès furent sûrement ce gimmick permettant de dupliquer, au nez et à la barbe du public et de façon exacte, la signature d'une carte, un guéridon volant très convaincant et faisable entouré, ou encore diverses versions de "l'auto-lévitation" comme celle expliquée en détail sur une nouvelle cassette de A1-Multimédia (inspirée de la version Ed Balducci) ou "Zero Gravity", la variante de Mike Bent vendue par Kevin James.

Il fait de plus en plus chaud. C'est le moment de faire une pose pour boire une bonne bière allemande (j'en suis déjà à ma troisième...) et de consulter le programme afin d'organiser la suite de mon congrès.

 

LES CONFERENCES

En ouvrant le programme, on est tout de suite surpris par le nombre impressionnant d'activités prévues: 20 conférenciers, 4 galas de scène, un gala de close-up, un banquet de gala, 2 one-man show, un show spécial de close-up, une exposition de baguettes magiques, un talk-show et les concours de scène et close-up.
On ne sait plus où donner de la tête et c'est impossible de tout voir. J'ai donc dû trancher: je privilégie les conférences et je fais l'impasse sur le concours de scène qui occupe pas moins de sept demi-journées.

Réflexions sur le congrès

Ce fut dans l'ensemble un bon congrès, les allemands avaient joué la sécurité en engageant des valeurs sûres et très connues; donc peu d'innovations et de découvertes sauf exceptions comme ce groupe de jeunes allemands "Les Fertigen Finger" qui présentèrent une superbe conférence très originale et amusante, associant le théâtre à la magie; c'était vraiment de l'inédit dans la présentation, ils remportèrent un franc succès; comme l'idée des deux one-man shows avec Max Maven et Gary Kurtz qui furent superbes. Une très bonne idée également fut d'avoir organisé le gala de close-up (dans la salle de cinéma) comme un vrai gala avec un présentateur de choix en la personne d'Ali Bongo. Ce fut un autre temps fort du congrès. A noter en passant que tout commenca à l'heure.

Une excellente idée fut la remise des prix (comme pour les "Césars") par des vedettes des catégories concernées. Dommage par contre qu'il n'y est pas eu un petit hommage pour les grands magiciens qui nous ont quitté depuis la dernière FISM!

Quelques autres regrets également: des galas de scènes parfois mal agencés avec des coupures de rythme et pour le dernier Richard Ross a joué les prolongations car il y avait 5 artistes seulement et le grand prix; des conférences pas toujours traduites systématiquement en anglais. Il est très regrettable que Siegfried (venu seul) n'est pas jugé sympathique d'adresser quelques mots en anglais (qu'il parle je pense correctement !...) pour l'ensemble des congressistes présents. En effet, il fit un discours de plus de vingt minutes en allemand uniquement; les autres n'avaient qu'à tricoter pendant ce temps là!

L'équipe organisatrice s'est largement inspiré d'idées puisées chez nos amis grenoblois lors du congrès d'Aix-les-bains: petits gilets, horde des organisateurs sur la scène pour nettoyer le "bordel" laissé par un magicien et plein d'autres petits détails. Le présentateur Peter Pit eut toutefois l'honneté de signaler la source du gag sur scène; mais pas bête le mec, uniquement en langue française, ainsi seule la petite centaine de francophones présents ont saisi le message; pour les 2200 autres, motus!

Une dernière question que je me posais avant d'y aller: pourquoi avoir choisi Dresde aux confins de l'ex-Allemagne de l'Est pour cette rencontre? L'attrait touristique de cette ville anéantie par la guerre restant très limité, je pense que nos devises étaient les bienvenues dans cette ville qui en manque encore cruellement !!!

Ce congrès FISM 97 restera un très agréable souvenir dans ma mémoire, riche en rencontres, en découvertes, en émerveillements... et en bières au cours des soirées sans fin passées avec les amis à l'hôtel Hilton.

J.Y.Prost

Côté conférenciers, pas vraiment de révélation de nouveaux talents, si ce n'est "Die Fertigen Finger", mais des valeurs sûres comme Eugène Burger, John Carney, Paul Gertner, Max Maven ou encore Gary Kurtz. Ce dernier nous présenta toujours avec autant de talent la conférence que certains ont pu voir récemment à Paris au Musée de la Magie.

John Carney, sans conteste un des meilleurs close-up men du monde, montra des techniques et effets personnels utilisant l'ingénieux tirage rapide de Al Baker, son excellente routine de gobelet improvisée utilisant une tasse, un couteau comme baguette et un billet emprunté roulé en boule comme muscade, une version géniale des 3 papiers sur le couteau, sa routine de balles de revolver à la bouche et son magnifique tour des pièces à travers la main d'une spectatrice.

Eugène Burger est un de mes favoris, une personnalité hors du commun qui vous oblige à réfléchir sur votre magie. Chacun de ses effets est présenté de façon magistral, il vous fait partager une réelle expérience magique. Il nous présenta l'apparition d'un verre plein dans un sac de papier qu'il venait de sortir plié de sa poche, (tour d'entrée idéal pour établir le personnage du magicien), son brainwave personnel "Thought sender" où les 2 côtés du jeu peuvent être montrés, "le survivant" de Bob Neale qui utilise le forçage PATEO de façon justifiée (publié dans "Magic & Meaning"). Chacune des explications était ponctuée par des sujets importants tels que la relation du magicien avec son public ou encore le besoin de magie et d'émerveillement dans notre société actuelle.

La conférence de Paul Gertner ne contenait pas grand chose de nouveau par rapport à celle de sa tournée européenne de 1988, mais il reste un grand professionnel avec des effets très forts comme "Unshuffled" (fait par Sylvain Mirouf à Studio Gabriel), son billet dans la cigarette (simple et direct), "Photocopy" (Arcane n°53), une carte choisie qui s'allonge à vue (basée sur une idée du Dr Sawa) et en final, un exposé détaillé sur le réel secret du forçage classique.

Tommy Wonder nous offrit quelques uns de miracles contenues dans son livre incontournable "The books of Wonders". Chaque tour était aussi l'occasion d'illustrer de remarquables parties théoriques. Hiro Sakai est l'un des magiciens les plus créatifs du Japon, il nous l'a prouvé avec des tours impromptus originaux: un exercice de yoga impossible où son pied est amené à coté de sa tête, le pouce à travers l'oreille, une méthode ingénieuse pour prédire une carte, un jeu qui se coupe tout seul sur la carte choisie en tournoyant, un tour avec des billets de banque basé sur un pliage d'origami, une double corde coupée et raccommodée instantanément, une "carte folle" très flash et un effet de mentalisme avec des boites d'allumettes. David Williamson, très en forme, nous présenta plus un show qu'une conférence puisqu'il ne fit en tout et pour tout qu'un seul tour, mais quel spectacle! Juan Mayoral nous fit la conférence présentée à Lyon au prix Diavol 1995 composée d'effets visuels de scène et de trouvailles électroniques. La nouvelle conférence de Pavel était axé sur des effets utilisant de petits aimants très puissants.

Lisa Menna, excellente "close-up woman" américaine, nous expliqua son dur parcours pour devenir magicienne dans ce milieu majoritairement masculin. Drôle et bourrée d'énergie, Lisa sait très vite conquérir son public et l'étonner avec une carte signée retrouvée dans son bâton de rouge à lèvres, une pièce qui passe à travers son cou pour ressortir par la bouche et la pochette d'allumette karaté de Bill Goldman (Arcane n° 81). A. Guera Ramblar est un jeune et sympathique cartomane argentin qui a gagné le premier prix de cartomagie à la FISM de Yokohama. Il nous montra une routine utilisant un chapelet où il enchaîne production de cartes à la demande, passage dans la poche de cartes pensées puis d'une série complète de 13 cartes, un très beau "collector" et une routine "d'huile et eau" où il a l'excellente idée d'utiliser un tapis moitié rouge/moitié noire. Max Maven, égale à lui même, refit la conférence de mentalisme qu'il nous avait présenté au congrès AFAP 94 du Puy en Velay.

Même en faisant l'impasse sur les concours de scène, il était malheureusement quasi-impossible d'assister à toutes les conférences. J'ai donc manqué les conférences historiques de Magic Christian sur Johann N. Hofzinser, de Hannes Höller sur la lévitation et Klingsor sur Kalanag ainsi que la conférence du roi de la magie de rue, l'américain Cellini qui vit maintenant en Europe. Pour ceux qui sont intéressés par la magie de rue, je tiens néanmoins à signaler qu'un gros livre sur Cellini vient d'être publié en anglais. La conférence sur la mise en scène et la présentation de Joanie Spina, ancienne chorégraphe de David Copperfield, a été annulée et remplacée au pied levé par deux séminaires : un de Rafael Benatar (actuellement en tournée pour Arcane) et l'autre de Jay Scott Berry. Ted Lesley, excellent mentaliste allemand et auteur de "Paramiracles", présentait une conférence comportant de nouveaux effets de mentalisme et magie mentale "très public". J'ai malencontreusement assisté à la dernière séance de cette conférence et elle fut faite en allemand contrairement aux précédentes en anglais. Je n'ai donc pas pu saisir toutes les subtilités qui font la grandeur de cette discipline. Je tiens également à vous faire noter que Ted Lesley vient d'entamer la publication en anglais de la revue mensuelle "Mind & Magic Magazine" consacrée au mentalisme et contenant uniquement des tours de professionnels testés en public. Douze numéros sans aucun tour de cartes et un treizième numéro uniquement dédié aux cartes, ça semble prometteur.

Je n'ai pas vu la conférence de Jim Steinmeyer et je le regrette. Jim est un magicien américain expert en grandes illusions, il est consultant pour les shows de David Copperfield et créateur de nombreuses illusions qui ont fait le tour du monde comme "Interlude" ou encore "Origami". Je me suis toutefois rattrapé en achetant ses notes comme lot de consolation et en assistant à son talk-show où il était interviewé par Stan Allen, éditeur de la revue "Magic". Il nous parla de son travail avec les stars de la magie (Doug Henning, Siegfried & Roy, David Copperfield, ...) et de sa philosophie de la magie. Des séquences vidéo projetées sur écran géant illustraient ses propos. Enfin, un des clous du congrès fut la conférence des "Fertigen Finger", une bande de dix jeunes magiciens allemands plein de talents. Plus qu'une conférence, nous avons assisté à un véritable show plein d'humour et de surprise. Chaque magicien présentait, sous forme de sketchs, un tour où l'explication faisait partie intégralement du spectacle. Des membres de la troupe fondus parmi le public intervenait parfois en jouant le rôle d'un spectateur "chiant" ou encore de celui qui essaye de pirater la conférence. Il y avait même à l'entrée un faux vigile de la sécurité qui obligeait tous les spectateurs à passer au détecteur de D'Lite (le très vendu faux pouce lumineux de Rocco) car celui-ci était strictement interdit au cours de la conférence! Bref, une conférence très originale, menée comme une véritable pièce de théâtre et un réel succès auprès de tous les magiciens.

 

LES GALAS DE SCENE

Les galas de scène constituent toujours une des pièces de résistance de tout congrès magique. Quatre galas étaient au programme, chacun d'entre eux arborant un thème précis. Ce qui pouvait être une bonne idée sur le papier se somma en définitive par des spectacles moyens malgré la présence de quelques très bons numéros. Les galas furent souvent trop longs et inégaux en qualité de numéros. Le gala d'ouverture fut précédé par le traditionnel speech polyglotte de Wolfgang Sommer, président de la FISM et de Maurice Pierre, secrétaire général. Le spectacle, nommé "Gala Allemand", était composé de numéros de magiciens allemands ayant remportés un prix dans une précédente FISM. Nous avons ainsi pu voir: Docteur Marrax dans un numéro indescriptible de camelot-magicien (bonne réaction du public), Clemens Valentino dans son remarquable numéro de robot, Peki (bof !), Joe Nex qui ne fera que produire des fleurs à ressort (!), Santo & Monique dans un numéro très propre de transmission de pensées, Jan Torell dans un numéro avec des dés et des cartes, Haraldini et ses bougies magiques, Cha Peau dans un bon numéro dynamique de chapeau de Tabarin, Topas et son numéro de manipulation de baguettes, lunettes de soleil et clochettes qui est devenu un classique, Tom Voss dans une femme coupée en deux originale où les deux moitiés de sa partenaire se métamorphosent en deux enfants, Andy dans un court numéro de mentalisme, Axel & Dirk et des grandes illusions dans un style "New Age" et finalement, Marco Beltempo, un jeune magicien d'une dizaine d'années déjà très cabotin. Ce trop long spectacle (13 numéros) se termina par l'intervention des invités d'honneur de cette FISM: Siegfried et Roy. Devant rester pour garder les "chats" à sa résidence de Las Vegas, Roy, par enregistrement vidéo interposé, s'excusa et souhaita un bon congrès à tous. Siegfried entra ensuite en scène sous les applaudissements de la salle et il nous fit part de sa vision de la magie. Ce devait sûrement être très intéressant mais il l'exposa malheureusement en allemand. On peut également regretter que ce fut la seule apparition du congrès de Siegfried.

Le deuxième gala portait le titre "Les classiques" bien que plusieurs des numéros étaient très modernes. La présentation du spectacle était partagée entre Peter Pit et le très talentueux Topas qui nous montra qu'il avait plus une corde à son arc (il fit notamment un guéridon volant en chantant à capella). Au programme, il y avait : le plus que classique Bellachini XIII, le génial Tommy Wonder et son numéro avec l'orange, le citron, l'oeuf et le canari où tout est justifié, Johnny Lonn dans un numéro comique réglé comme une horloge, Omar Pasha et son numéro de lumière noire (grande ovation du public malgré une scène trop grande pour bien mettre en valeur le numéro), Jonathan David Bass et son numéro de colombes, Satori dans un numéro de mentalisme surprenant mais un peu long lorsqu'on ne comprend pas l'allemand, Makha Tendo et ses très belles manipulations de cartes géantes, Jorgos et son double virtuel Jorgos (vu au congrès AFAP de Tours), Nathan Burton avec des grandes illusions originales mais pas toujours de bon goût, et, last but not least, Dani Lary qui, d'un coup de canon, projette sa partenaire dans un bocal à poisson géant. Cette superbe illusion venait à point nommé pour clôturer ce gala.

Le troisième gala devait regrouper, au contraire du précédent, des numéros plus actuels. J'avoue que l'opposition entre les deux n'était pas évidente! Stan Allen qui jouait le maître de cérémonie nous a présenté: Jonathan David Bass dans un numéro de grandes illusions, l'excellent Christopher Hart et sa main vivante, Carlos Herero qui nous présenta une série d'effets proche du numéro de Gaëtan Bloom (?), Marco Tempest et sa magie du 21ème siècle, Luis de Matos qui rendit un hommage à Harry Blackstone en présentant le mouchoir dansant (malheureusement le fil cassa mais Luis, grand professionnel, s'en sortit bien) et nous étonna en traversant un miroir (très belle illusion), Hans Moretti toujours impressionnant avec sa roulette russe et son tir à l'arbalète les yeux bandés, Peter Marvey dans son superbe numéro de manipulation de cartes ainsi que dans un nouveau numéro de grandes illusions très original (dans une des illusions, il rapetisse à vue), Dani Lary et son conte de fées qui devient réalité (Blanche Neige), Walter Zaney-Blaney un peu hors du coup avec une femme coupée en deux dans une petite locomotive sur rail, Die Plebsbüttel dans un numéro comique primé à la FISM de Yokohama, et David & Dania (standing ovation) dans un superbe numéro de changements de costume sous une pluie de confettis très largement inspiré d'un numéro russe récemment vu à la télé. Onze artistes au total et un gala trop long à l'arrivée.

Le gala de clôture fut sans doute le moins réussi. Il était constitué principalement de numéros ayant gagné le Grand Prix: Ted Winkel et son numéro de médailles, Günter Puchinger et sa malle des Indes qui se fait la malle, Pierre Brahma (2 fois champion du monde) dans son numéro de bijoux et de jonglerie avec des pièces (bon accueil du public), Danilin et son numéro inclassable, Franklin récent lauréat de la dernière FISM, et les Netcheporenko, gagnants de cette FISM. Ces numéros étant tous des numéros de manipulation ou de magie générale, le gala fut finalement plat et sans contraste. Richard Ross avait du mal à assumer son rôle de présentateur et à boucher les trous entre chaque numéro, au point qu'il fut sifflé et hué par la salle impatiente de voir le show se poursuivre. La projection du numéro de Richard Ross avec lequel il gagna son premier Grand Prix à Amsterdam en 1970 fut néanmoins un moment fort, du grand art comme on en voit pas souvent en manipulation!

 

LES SOIREES DU HILTON

Chaque soir après le gala, le bar de l'hôtel Hilton était réservé aux congressistes. Cette excellente initiative permettait entre deux bières de retrouver ses amis et d'en rencontrer de nouveaux. Dans le cas où les multiples démonstrations improvisés de certains ne suffisaient pas, le maître Juan Tamariz était là, infatigable, sautant de table en table pour nous ensorceler avec ses miracles. Le show se terminait souvent au petit jour ce qui n'arrangeait pas mon quota d'heures de sommeil.

 

LES ONE-MAN SHOWS

Quelle excellente idée de prévoir des one-man show de grands noms de la magie dans un congrès. Une occasion unique de voir ces professionnels nous présenter leur spectacle public et de prendre une grande leçon de magie et de mise en scène. Pour moi, ce fut sans conteste le meilleur moment du congrès. Au programme de ces one-man shows, deux gros calibres, Gary Kurtz et Max Maven, officiaient dans des catégories très proches mais dans des styles différents. Chacun des shows se tenait dans une petite salle de spectacle d'environ 300 places. Gary Kurtz nous présenta un spectacle varié mélangeant des effets de magie et de mentalisme. C'était plein d'humour et très divertissant. Le seul point que l'on peut lui reprocher, c'est qu'il en faisait même trop. Les effets étaient tous très forts (son "book test" était toutefois un peu confus), voire incompréhensibles et chacun d'entre eux pouvait constituer à lui seul un final. En épurant un peu, il est proche d'atteindre la perfection.

Ceux qui, comme moi, commençaient à être un peu déçus des conférences de Max Maven et à se demander s'il ne vivait pas sur sa réputation, ont ici eu leur pendule remise à l'heure. Nous avons assisté à du grand mentalisme. Une heure durant, Max Maven nous a tenu en haleine d'un bout à l'autre du spectacle avec seulement un jeu de cartes, un bandeau, quelques bouts de Chatterton et énormément de talents et de métier; un régal.

 

LE GALA DE CLOSE-UP

On peut dire que ce millésime de la FISM fut plus close-up que scène. Le gala de close-up fut sûrement le meilleur gala du congrès. Equilibré et de grande qualité, le spectacle était présenté par le très bon Ali Bongo. Nous avons pu voir et applaudir: John Carney dans une grande démonstration de manipulation pure, A. Guera-Ramblar dans son numéro de cartomagie primée à la FISM, le charismatique Eugène Burger qui a conquit la salle, Paul Gertner très impressionnant avec son "matrix" infernal et ses gobelets avec des billes d'acier, l'australien Tim Ellis et son tour des six cartes chanté en rapp (très drôle), le surdoué Pit Hartling qui fut la révélation de ce gala (dommage qu'il dise systématiquement ses chutes en allemand) et David Williamson, véritable Jerry Lewis de la magie.

Un spectacle spécial de close-up filmé par télévision japonaise eu également lieu au cours du congrès. Juan Tamariz en était l'inimitable présentateur; Jona (magicienne colombienne), Hiro Sakaï et Lisa Menna en était les vedettes.

 

LE CONCOURS

Je n'ai pas vu le concours de scène. Le concours de close-up se déroulait dans une salle de cinéma en forme d'amphithéâtre avec projection de chaque numéro sur l'écran géant situé derrière le candidat. Il fut d'assez bon niveau. Les favoris, comme l'américain Marc de Souza en close-up ou l'anglais Michael Vincent en cartes, ont été coiffés au poteau par des petits jeunes peu ou pas connus.

 

LE BANQUET DE GALA

Le banquet fut très réussi. Dans chaque salle de l'hôtel Hilton était dressé un buffet différent offrant des plats d'un pays du monde. La nourriture était bonne et abondante, le vin et la bière coulaient à flot dans une réelle ambiance de fête. Divers artistes se produisaient sur une scène centrale ou de façon itinérante ; un moment mémorable de ce congrès.

 

FISM 2000

Rendez-vous est pris avec nos amis portugais et la ville de Lisbonne puisque la France, candidate, n'a pas été retenue pour des raisons dont on n'a pas fini d'entendre parler dans nos chaumières...

 

Frédéric Masschelein