Prix Diavol 96 & banquet annuel: Bessenay le 16 Novembre Le 16 Novembre dernier, conformément à une tradition bien établie, les Magiciens lyonnais se retrouvaient à Bessenay pour leur banquet annuel et le Concours DIAVOL 1996. Parmi les 110 participants de cette 25ème édition, on notait la présence de Maurice Pierre et Denise, Michel Fontaine, ainsi que celle de James Hodges et Liliane qui devaient assurer la conférence. Beaucoup d'amis des Amicales voisines nous avaient rejoints venus de Dijon, Marseille, Avignon, Nîmes, Saint-Etienne ou d'ailleurs. Quelques marchands de trucs parmi lesquels les Manufactures Fernand Odin, Agility, assurèrent le succès du "troc aux trucs" qui se déroulait dès le début de l'après-midi. 9 postulants s'affrontèrent pour disputer un Prix DIAVOL qui ne restera sans doute pas gravé dans les annales. Il est cependant réconfortant de noter parmi eux la présence de jeunes magiciens. Mais il conviendrait d'offrir à ces candidats de meilleures conditions matérielles que celles qu'ils durent affronter. L'absence de scène ou d'estrade et le grand nombre de spectateurs faisaient que dès le 3ème rang on ne voyait plus rien, en particulier pour les candidats qui se présentaient en close-up et qui étaient malheureusement les plus nombreux. J'étais au 6ème rang, j'ai rarement pu apercevoir les mains des concurrents et je ne peux donc vous livrer que quelques impressions on ne peut plus suggestives. PHILIPPE (Lyon), 16 ans, présente 4 tours de cartes avec l'aide de 4 spectateurs différents. Il confirme l'assurance dont il avait fait preuve l'an dernier. Peut-être manque-t-il à sa prestation une pointe d'humour. LAURENT (Marseille), jeune également, commet l'erreur de refuser le micro, ce qui fait que non seulement on ne le voit pas, mais on ne l'entend pas. Il propose du close-up avec des cartes mais travaille trop pour le seul spectateur qu'il a fait venir près de lui et ne regarde jamais le public. Compte tenu des conditions, on peut lui trouver quelques excuses. Eric PARKER (Marseille) est lui aussi candidat en close-up avec des cartes. Sa prestation est menée avec autorité, sa présentation est claire; les effets sont classiques mais nets. Il a une certaine expérience du public avec lequel il sait établir le contact.   IRENE & CHRISTINE (Dijon) nous transportent aux Indes dans un joli numéro qui met en scène un charmeur de serpents auquel on a volé sa flûte. Ce numéro mêle avec bonheur théâtre, musique et magie et le scénario dénote d'une recherche certaine. Le voleur ne rencontre que des déboires quand il essaye d'utiliser la flûte dont il s'est emparé. Non seulement le serpent reste inerte dans le panier, mais c'est le foulard du charmeur qui se soulève... La flûte se met à jouer faux et le serpent est retrouvé à l'intérieur. Puis c'est le tabouret qui lévite sous le charme de la flûte et enfin le charmeur de serpents lui-même. Compte tenu de l'effort de mise en scène, d'originalité et de costumes, cette présentation était tout à fait dans l'esprit du Prix Diavol qui, à l'origine, se proposait de récompenser recherche, invention et innovation. Albert BENICHOU (Lyon), devenu BENNY CHOUX super star, reconduit le personnage toujours aussi haut en couleurs qui nous avait amusé il y a deux ans. Une nouveauté cette année ; il est présenté par son impresario PEDRO DE LA VEGA... Pendant quelques minutes se déroule une comédie qui n'est pas un modèle de finesse mais qui reste souvent irrésistible, quand bien même certains effets tirent sur la corde autant que faire se peut... Mais ça marche sur le public qui, à ce moment du concours, avait bien besoin de se détendre. CYRIL (Lyon) est le benjamin des candidats puisqu'il n'a que 14 ans. Il présente une succession de quelques tours classiques de magie générale (foulard, corde, dés à coudre, journal déchiré). Rien de bien original mais mérite d'être encouragé. FLORIAN (Lyon), jeune lui aussi (16 ans), propose à nouveau des tours de cartes (tours de coîncidences) avec la participation de deux spectateurs. Mais les instructions données étant un peu complexes, la mauvaise interprétation de son assistant d'un jour le contraint à recommencer. En final, il fait apparaître une rose qu'il remet à la spectatrice qui l'a assisté. OLIVIER (Lyon) se présente en close-up. Il est l'un de ceux qui sait le mieux établir le contact avec le public. Lui aussi propose quelques tours de cartes (twisting the aces, tour de 4 as...). Il est relativement clair dans une présentation assez bien enlevée. FRANCIS (Roanne) a choisi la catégorie manipulation. Après un prologue de magie générale (flamme, foulard, apparition et suspension d'une rose...) il manipule des cartes (production d'éventails), transforme une carte en pièce géante et enchaîne avec des manipulations de très grosses pièces qui sont assez bien menées, même si la couverture des angles n'est pas toujours parfaite. Mais il n'a pas choisi la facilité... La conférence de JAMES HODGES intervint en fin d'après-midi. Pendant environ deux heures, celui-ci va nous parler du spectacle et du métier plutôt que de techniques magiques. Il commence par proposer quelques conseils aux candidats du concours à qui il reconnaît d'abord le grand mérite d'avoir participé dans des conditions matérielles difficiles, dénonçant une carence qu'il devra subir à son tour puisqu'il est contraint d'escalader une chaise pour être vu et entendu. La plupart des conseils sont judicieux, même si quelques-uns enfoncent des portes ouvertes et rappellent des évidences sur les accessoires qui "puent le truc de magicien", la tenue vestimentaire, l'utilisation du micro, le rideau... Il montre aussi comment aller chercher un assistant parmi les spectateurs, l'amener sur scène et se comporter avec lui. Il explique également comment il faut s'y prendre pour rendre un tour efficace. Il ne craint pas de bousculer les idées reçues et d'affirmer que les deux magiciens du XXème siècle qui ont fait le plus de mal à la magie sont Slydini "qui a transformé une génération de magiciens en culs-de-jatte" et Shanning Pollock qui a figé l'évolution de la magie pendant ces quarante dernières années où l'on n'a rien su faire d'autre que produire des colombes. Notre plaisir a aussi été de retrouver James avec tout son talent de ventriloque quand il nous a montré comment animer une simple banane ou comment fabriquer une tortue avec un chapeau melon... Bref, une conférence un peu improvisée, mais originale et qui donnait d'utiles coups de pied dans certaines fourmilières. Pendant le repas Maurice Pierre proclama le palmarès du concours: FRANCIS: Prix DIAVOL 96, soit la coupe et un chèque de 1000 F offert par ARCANE. Le jury décerna une mention "meilleure routine de close-up" à ERIC ainsi qu'une mention "spécial junior" à CYRIL. Tous les concurrents reçurent un livre des éditions "Magix" . Ce palmarès nous a paru à peu près équitable à l'exception du numéro d'IRENE et CHRISTINE qui nous sembla injustement oublié. Le jury aurait-il été un peu trop machiste ? Michel BALANDRAS (Photos: Serge Renacco et J. Galseran)